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Quotidien Shaarli

January 6, 2021

Michel Dupuis: «Le droit du patient n’est possible que si les soignants sont dans des conditions acceptables» - Le Soir Plus

On parle beaucoup de droits du patient. Quels sont ses devoirs ?

Michel Dupuis: Effectivement, notre loi ne dit rien d’explicite sur les obligations du patient et, par exemple, les questions de solidarité. Elle s’arrête à la notion de « meilleurs soins possibles » pour un patient, elle n’aborde pas la « concurrence » entre patients. Je suis pour une politique la plus transparente possible, y compris en termes de devoirs. À ce propos, un concept intéressant a été dégagé il y a une vingtaine d’années en Afrique subsaharienne : le paradigme du « patient victime-vecteur ». Dans une situation à haute contagiosité, où les ressources sont rares, le patient est d’abord victime, donc il a le droit d’être pris en charge. Mais il n’est pas que victime, il est aussi vecteur. Autrement dit, il transmet, il contamine… Or, la loi sur les droits du patient pose seulement qu’il a le droit de refuser des soins. Ce qui lui donne l’occasion de décliner la vaccination, la mise en quarantaine, etc. S’ouvre alors un dossier bien moins politiquement correct autour de la responsabilité citoyenne. Pour moi, c’est l’une des grandes leçons de cette pandémie : à côté du devoir de compassion envers les personnes victimes, il y a aussi la responsabilité individuelle, citoyenne, qui implique une forme d’obligation à respecter les mesures sanitaires. C’est compliqué, cela rappelle des émotions archi-conservatrices autour des questions de « discipline ». Ce mot est extrêmement dangereux, et pourtant… Quand on a pensé la démocratie sanitaire, on a mis en scène la liberté des citoyens, la déclaration quasi universelle des citoyens-patients qui ont un certain nombre de droits, mais on a oublié qu’une démocratie comprend également l’obligation de respecter des normes, certains comportements.