Blog de Philippe Aigrain, co-fondateur et Président actuel de la Quadrature du Net: http://paigrain.debatpublic.net/?p=9042
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« Les échanges sans but lucratif nuisent-ils au commerce des œuvres ? Toutes les enquêtes y compris celles réalisées par Hadopi montrent que non. D’une part parce que le contexte a évolué : avec l’ère numérique, il y a de plus en plus de créateurs, de plus en plus d’œuvres mais pas plus de public ni plus de temps disponible. Donc, indépendamment du partage, l’audience d’une œuvre est divisée. Les études montrent aussi que ceux qui partagent sont aussi ceux qui consomment le plus de produits culturels. Parce que le partage se fait notamment dans un but de collectionneur, que l’on n’écoute ou ne regarde pas tout ce que l’on télécharge, tout de suite. »
This site hosts the augmented edition of Sharing: Culture and the Economy in the Internet Age, a book by Philippe Aigrain, with the contribution of Suzanne Aigrain, published at Amsterdam University Press on February 1st, 2012 as a paper book and as an open access digital monograph. On this site, you can access the source code and datasets used in the book, comment on each of the book chapters, run our economic models for the financing of a sharing-compatible culture with your choice of parameters, and run our diversity of attention analysis software on your own datasets.
"La culture numérique est un terrain d'enjeux essentiels : droits des individus à l'égard des oeuvres numériques, rémunération des créateurs de toutes sortes et conditions d'existence des oeuvres. Depuis quinze ans, des groupes d'intérêt de médias et de distribution ont poussé des politiques motivées par une obsession unique : empêcher le partage non marchand d'oeuvres numériques entre individus.
Les politiques suivies invoquent les artistes alors qu'elles ne visent qu'à sanctuariser les profits de multinationales du divertissement. Elles ont concentré l'attention du public et les revenus sur un petit nombre de créateurs, sans rien rapporter à la majorité. Elles nous ont fait perdre un temps précieux dans l'exploration des défis et des opportunités pour la culture à l'ère numérique. Ce bilan pitoyable est de plus en plus connu. Ce qui, en revanche, ne l'est pas, ce sont les conditions dans lesquelles ces politiques ont été conçues, et qui relèvent d'une vraie corruption de la décision démocratique."
Résumé : On propose dans ce qui suit un changement de fond dans la façon de discuter les droits associés aux informations, aux contenus dans les divers médias, aux logiciels et aux autres entités intellectuelles. Les approches fondées sur la propriété intellectuelle, oubliant ce qui fut son objectif initial, se centrent aujourd’hui principalement sur la capacité à restreindre l’usage des entités intellectuelles. Puis, pour compenser les effets pervers de ces restrictions, elles envisagent (au compte goutte) un certain nombre d’exceptions. Au contraire, l’approche proposée ici se développe sur la base de l’énoncé de droits intellectuels positifs, définis de façon à garantir la production et l’échange social les plus larges des entités intellectuelles. Elle envisage alors quels attributs de propriété il est nécessaire d’attribuer pour garantir le fait que ces droits positifs puissent s’exercer en pratique et ne fassent pas l’objet d’un usage au détriment de certaines valeurs fondamentales. Ce retournement (qui est aussi un retour aux sources) permet de tirer tous les bénéfices des possibilités ouvertes par les techniques d’information et de communication : explosion du nombre de créateurs et sources d’information ; visibilité et accessibilité beaucoup plus poussée et rapide des entités intellectuelles ; nouveaux outils et processus pour l’évaluation, la critique et l’analyse des productions intellectuelles. Plus généralement, le texte aborde les questions de droit soulevées par les techniques informationnelles, qu’il s’agisse de certains aspects des biotechnologies ou d’autres techniques reposant sur la manipulation d’entités d’information dans des procédés complexes. Pour que les droits intellectuels positifs puissent être définis de façon concrète, il est nécessaire de distinguer diverses sortes d’entités intellectuelles (selon la façon dont elles peuvent produites, utilisées et échangées) et diverses facettes des droits intellectuels. Il devient alors possible de définir un cadre qui sert réellement les créateurs sans restreindre de façon indue la liberté d’usage et d’échange d’informations.
Cette fois, ça y est le projet Hadopi 2 a été adopté à l'Assemblée nationale par 285 voix contre 225. Mais le feuilleton n'est sans doute pas fini... Il est donc encore temps d'entendre les arguments de Vincent Frèrebeau, directeur de label musical, et Philippe Aigrain, spécialiste du Net. Les deux souhaitent que les créateurs soient rétribués, mais le premier défend Hadopi (pour l’instant et faute de mieux), tandis que le second s’y oppose fermement, préconisant la mise en place d’une “contribution créative” obligatoire des internautes.
Le Monde daté du 9 juillet 2008 a publié un appel de 31 cinéastes soutenant la riposte graduée et pourfendant les supposés tenants de la gratuité (accès payant). (...) je publie ma réponse sur ce blog.
Cette étude est consacrée au développement des Creative Commons (CC). Elle cherche à comprendre en quoi le régime Creative Commons peut jouer un rôle dans l’économie des biens culturels et tenter de préfigurer quel sera ce rôle à moyen terme.
L'information et ses technologies refaçonnent notre univers technique, social et éthique, mais ces bouleversements se font dans deux directions opposées selon que l'on choisit d'en encourager l'appropriation privée ou d'en faire des biens communs.
D'un côté, l'extension des domaines couverts par les brevets (molécules pharmaceutiques, variétés végétales, séquences génétiques, logiciels) restreint, pour le profit de quelques multinationales, l'accès à des ressources essentielles telles que les médicaments, les semences et l'information. La concentration des médias - notamment audiovisuels - menace la démocratie là où elle existe.
De l'autre côté, la production et le partage de l'information et des créations sont plus libres qu'avant, et la multiplication des échanges esquisse une société mondiale, diverse et solidaire. Les médias coopératifs, les logiciels libres, les publications scientifiques ouvertes et les autres biens communs réinventent la démocratie.
Comment les acteurs de ces nouveaux domaines peuvent-ils faire cause commune par-delà ce qui sépare les logiciels des ressources biologiques, ou l'art des sciences ? Comment l'information peut-elle servir les biens publics sociaux de la santé, de l'éducation ou de la solidarité au lieu de contribuer à les détruire ? Quelles alliances peut-on envisager entre les sociétés et les Etats, gardiens irremplaçables des biens communs épuisables que sont l'eau ou l'air ?
Dans cet ouvrage, Philippe Aigrain analyse les causes et les origines d'une situation paradoxale et les tensions qu'elle suscite. Il propose une politique qui remette les êtres humains aux commandes de ces transformations.
Livre sous licence Creative Commons BY-NC-ND