Un enfant sur fond de fin du monde: lettre à mon fils Léonhttps://www.lapresse.ca/debats/opinions/201908/09/01-5236911-un-enfant-sur-fond-de-fin-du-monde-lettre-a-mon-fils-leon.php
Nous avons décidé de faire un enfant sur fond de fin du monde.
Ce fut une décision douloureuse, pas entièrement éclairée, et totalement biaisée par notre envie profonde d’avoir un enfant.
Pour tout te dire, nous ne réalisions pas la gravité de la situation quand j’étais enceinte de toi.
Nous étions évidemment conscients des changements climatiques, mais ça semblait encore une réalité assez lointaine.
Ce serait peut-être pour le prochain siècle.
Nous aurions le temps de changer notre mode de vie, de trouver des solutions, d’élever la prochaine génération dans un rapport au monde plus sain que celui qui nous a été inculqué.
J’aimerais dire que nous ne savions pas, mais en fait, nous étions aussi beaucoup dans le déni.
Ta naissance a coïncidé avec le dépôt d’un rapport alarmant du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC). C’est à ce moment que l’ampleur et l’imminence de la catastrophe me sont apparues pour la première fois. J’ai fait davantage de recherches, lu des rapports, des articles. J’y ai appris qu’au cours de ma vie, la moitié de la vie sauvage sur Terre a été éradiquée, et à ce jour, un million d’espèces sont au bord de l’extinction. Quatre-vingt pour cent des forêts de la planète ont été rasées. Des records de température sont continuellement battus un peu partout dans le monde et des incendies de forêt sans précédent font rage. Les glaciers fondent à vue d’œil, menaçant de faire monter le niveau des océans. Les émissions de gaz à effet de serre continuent d’augmenter en flèche.
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