Un groupe de juristes et d'universitaires dénoncent les dérives liberticides et antidémocratiques...
En plus de son efficacité douteuse, le site gouvernemental Stop-djihadisme se prête à tous les détournements.
On y trouve notamment une plaquette qui renseigne sur « les premiers signes » de l’embrigadement d’un proche dans le salafisme djihadiste...
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En réponse, Jérémie Zimmermann, l’un des co-fondateurs de La Quadrature du Net, qui défend un Internet libre et ouvert, vient de relayer une plaquette intitulée : « Dérive autoritaire. Les premiers signes qui doivent alerter » (à droite ci-dessus).
Reprenant les codes du site Stop-djihadisme, cette infographie liste les risques :
« Restriction de la liberté d’expression » ;
« Interdiction de manifestations pacifiques » ;
« Banalisation de messages racistes » ;
« Généralisation et extension de la surveillance des citoyens » ;
« Prévalence d’intérêts économiques sur l’intérêt général » ;
« Partenariats avec des régimes violant les droits de l’homme » ;
« Répression violente des manifestations » ;
« Instrumentalisation des menaces pour justifier des mesures sécuritaires » ;
« Contournement de la démocratie et du contrôle du pouvoir judiciaire. »
La commission d'enquête du Sénat sur la lutte contre les réseaux djihadistes en France et en Europe organisait mercredi une table ronde sur "Internet et terrorisme djihadiste", qui a permis aux parlementaires d'entendre des points de vue beaucoup plus nuancés que l'hystérie ambiante, sur les liens de cause à effet entre l'utilisation libre d'Internet et le développement du terrorisme.
La Ligue des droits de l'homme (LDH) a indiqué lundi dans un communiqué craindre les "effets contreproductifs et dommages collatéraux" des mesures prises par le gouvernement pour renforcer la sécurité des citoyens
"Terrorists simply aren't dumb enough to discuss their secret plans over Skype or to email each other confidential information on Gmail."
Vidéosurveillance, fichage, empreintes génétiques, écoutes, puces RFID… Dans les régimes démocratiques, les différentes techniques d’intrusion dans la vie quotidienne des individus se multiplient, au nom de la lutte contre les « nouvelles menaces ». La « guerre contre le terrorisme » n’a fait que rendre plus oppressant ce monde qui nous rapproche de celui imaginé par George Orwell dans 1984.
Pourquoi en sommes-nous arrivés là ? Comment les sociétés démocratiques ont-elles accepté que leurs droits et liberté soient peu à peu amputés par des dispositifs de surveillance de plus en plus sophistiqués ?
De l’anthropométrie du XIXe siècle au Patriot Act, en passant par l’analyse des doctrines militaires et du projet Echelon, Armand Mattelart construit une généalogie de ce nouveau pouvoir de contrôle et étudie sa dynamique de mondialisation. Il montre qu’au nom de la défense de la liberté et des impératifs de sécurité nationale, les États ont construit et imposé une définition de l’ennemi de plus en plus floue, tellement floue qu’elle a permis et permet encore tous les abus.
Ce livre invite à une prise de conscience indispensable à l’heure où le seuil de tolérance des sociétés démocratiques à l’égard de la surveillance ne cesse de baisser.
Collection : La Découverte Poche / Essais n°290