Quotidien Shaarli

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November 10, 2022

Un plan Scieur pour la Wallonie

"Il faut soi-même éprouver physiquement le danger des routes wallonnes pour mesurer la gravité de la situation. C’est le quotidien des cyclistes de se dire en passant à tel ou tel endroit : les personnes qui ont conçu cette route, manifestement, n’y roulent jamais à vélo."

"Les dirigeants publics doivent revoir de fond en comble leurs conceptions. Cesser de considérer ces incidents, du plus banal en apparence (une voiture qui dépasse un peu trop vite, un peu trop près) jusqu’au plus tragique (l’accident mortel), comme une succession de faits-divers sans lien les uns aux autres. Il faut ouvrir les yeux : ces faits participent tous d’un système généralisé de mépris pour les cyclistes et de violence motorisée, souvent dans l’impunité. Un sursaut des pouvoirs publics est indispensable. La Wallonie est en retard, terriblement en retard, sur les pays et les régions qui l’entourent.

"Nous voulons pouvoir rouler sur de vraies routes en bon état, nous y sentir à notre place, en complète sécurité. Nous demandons que la distance minimale de 1,5 mètre, fixée dans le code de la route pour tout dépassement par une voiture, soit enfin respectée. Y a‑t-il déjà eu, en Wallonie, ne fût-ce qu’un seul procès-verbal donné pour cette infraction ? À quoi cela sert-il d’édicter une règle si elle n’est suivie d’aucun effet ? De la même manière, nous demandons que les zones 30, 50 et 70 soient concrètement appliquées, par des contrôles et radars plus fréquents au besoin."

Mais c'est tellement vrai ! Lors de nos sorties quotidiennes à vélo (trajet école gare boulot), c'est vraiment rare de faire un parcours sans se faire dépasser de trop près par les voitures, les bus TEC,... ou trop vite. Malgré notre écarteur, malgré le siège enfant à l'arrière. La galère pour se faufiler entre les files de voitures, aux feux rouges, l'absence de zones avancées, le manque de SUL qui obligent à faire des détours, l'absence de parkings adaptés dans une grande majorité de commerces. Et pour l'usage utilitaire, effectivement on trouve des RAVEL qui vont vers les campagnes, alors qu'on voudrait des vrais pistes cyclables sécurisées, autre chose que de la peinture au sol quand on se fait dépasser à 50 km/h ou 90 km/h....

Lisez l'article : https://www.wilfriedmag.be/planscieur/

et signez la pétition : https://www.change.org/p/un-planscieur-pour-la-wallonie

La solitude d’une généraliste traînée devant les tribunaux par les complotistes (Dr Isabelle Schiepers)

[Carte-blanche intégrale] BELGIQUE • BRAINE-L'ALLEUD 03/11/2022 Un médecin poursuivi en justice par un patient, ce n'est pas si rare. Mais pour l'avoir vacciné contre le Covid-19, c'est plus étonnant...

A l'heure où pas un jour ne passe sans lire dans la presse médicale la grogne des prestataires de soins, j'ai l'envie - et le besoin – de partager un épisode inédit de ma vie de médecin de famille.

Fin septembre, un huissier de justice est venu me déposer en mains propres une citation à comparaître au Tribunal Civil. Après trente ans de carrière, me voilà pour la première fois confrontée au monde judiciaire. Je suis accusée par une ancienne patiente d'« empoisonnement par un produit expérimental » . Traduisez : pour la protéger, je l'ai vaccinée avec le Comirnaty de Pfizer, appliquant ainsi scrupuleusement (et avec conviction) les recommandations scientifiques et gouvernementales.

Mon ahurissante mésaventure scandalise à plusieurs niveaux de lecture.

Personnellement : je ne suis qu'une simple exécutante de l'EBM, et me voilà devenue tirailleur sénégalais, en première ligne. L'Etat-Major étant bien à l'abri au sein des cabinets ministériels, des facultés, des task-forces et autres instances.

Collectivement : la Justice est lente (c'est un euphémisme) parce que les tribunaux sont encombrés par des élucubrations de ce genre, qui ralentissent le traitement des affaires sérieuses.

Déontologiquement : la plaignante est parvenue à trouver des pseudo-médecins ayant rédigé des pseudo-attestations affirmant des pseudo-liens entre son état et ma seringue du Big Pharma.

Il y aurait là quelques numéros INAMI à récupérer pour nos jeunes collègues en attente.
Le secret de l'instruction ne me permet pas de les citer, mais vous aurez deviné qu'on retrouve tous les druides des sphères antivax et complotistes de la Belgique francophone, certains virés de quelques hôpitaux pour les mêmes raisons.
Ce microcosme est bien actif sur les réseaux sociaux, terreau de choix pour distiller leurs théories fumeuses : médecine « intégrative », « naturelle », « anti-âge », « magnétisme », « de la personne », … Terminologie intéressante. Comme si la médecine allopathique était surnaturelle et pro-âge.

On y trouve même un anatomo-pathologiste à la retraite qui n'a plus besoin de son microscope pour diagnostiquer des « microlésions du système nerveux central et périphérique ». Formidable, la Belgique tient son cinquième prix Nobel de médecine.
Une petite musique insidieuse et dangereuse quand elle arrive dans des oreilles naïves et fragiles.
Ces personnages se regroupent dans des clusters aux noms évocateurs qui feraient sourire s'ils étaient moins toxiques.
Actuellement, ils ont pris pour cible les journalistes d'investigation les menaçant de poursuites judiciaires pour leur partialité pro-gouvernementale. Chacun son tour.

Quatrième scandale et non des moindres : des cabinets d'avocats se spécialisent dans les plaintes liées à la vaccination Covid. Je vois deux hypothèses : soit ils sont convaincus, soit leur motivation est purement lucrative faisant fi des réalités scientifiques et du pronostic de leur plaidoirie.
On ne peut s'empêcher de penser avec effroi à la dérive américaine où des hordes d'avocats font le pied de grue à la sortie des hôpitaux.
Heureusement en Belgique nous avons l'Ordre des Avocats, qui j'espère (naïvement) sera aussi inquisiteur que notre Ordre des Médecins. Affaire à suivre…

Lorsque cette tuile m'est tombée sur la tête, j'ai immédiatement partagé avec mes collègues du Cercle. Les messages de soutien furent nombreux et chaleureux, avec la sidération en dénominateur commun. De l'effroi pour les plus jeunes : « Si ça m'arrive, je ne le supporterais pas et je change de métier » ; du désabusement pour les plus âgés : « Vivement la retraite ». La présidente du Cercle a immédiatement et explicitement demandé un soutien écrit aux cabinets Vandenbroucke et Morreale, au Collège de Médecine Générale et à l'Ordre des Médecins. Seul ce dernier a pris la peine de répondre : me voilà munie des coordonnées de « Médecins en difficulté ». C'est déjà ça.

A l'heure où les instances poussent à la vaccination au cabinet du médecin généraliste, il faudrait veiller à soutenir ses troupes, sous peine de les voir fondre.
Mon syndicat n'est pas monté au créneau non plus. Ce n'est probablement pas la procédure, mais un message de soutien m'aurait réconfortée dans cette profonde solitude inhérente au métier de généraliste en solo.
Tout comme un petit mot de votre part si vous êtes comme moi injustement accusé pour avoir fait votre job. Ensemble on est moins seul.

Pour conclure sur un clin d'œil et garder son esprit critique vis-à-vis des tentaculesques réseaux sociaux, je vous partage un bon mot du regretté Umberto Eco :
« Les réseaux sociaux ont donné le droit de parole à des légions d'imbéciles qui, avant, ne parlaient qu'au bar, après un verre de vin et ne causaient aucun tort à la collectivité. On les faisait taire tout de suite alors qu'aujourd'hui ils ont le même droit de parole qu'un prix Nobel. C'est l'invasion des imbéciles »

Docteur Isabelle Schiepers sur MediQuality