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Edouard Louis est persuadé que la violence est une responsabilité sociétale, et qu’il est nécessaire d’analyser son fonctionnement pour l’éradiquer à la source : "Le fait de mettre des gens en prison n’a jamais arrêté la violence. Au contraire, les personnes qui appliquent ça sont complices de la violence qui se reproduit. Et il faut aller la chercher de manière plus profonde, car si on n’essaye pas de comprendre cette violence, alors on la laissera se reproduire. Je crois que la violence elle est produite par des structures de masculinité, de classe sociale, de famille, de vie conjugale, d’expériences personnelles. Je ne crois pas en la responsabilité individuelle. Une fois qu’on arrête un individu qui a commis une violence, qui est grave, qui est insupportable, on n’a pas arrêté les causes qui la produisent. On nous fait croire que quand on essaie de comprendre la violence on l’amenuise. C’est le contraire : la plus grande agression qu’on puisse commettre à l’égard de la violence, c’est de la comprendre".
“Je bosse six heures par jour comme jardinier et je touche 1,30 euros de l’heure, explique Maxime (prénom d’emprunt), incarcéré dans une prison liégeoise. En fonction du travail disponible, je gagne environ 140 euros par mois. Cela permet de tuer l’ennui et de reverser une partie de cet argent à mes enfants et aux parties civiles mais cela n’est pas suffisant pour cantiner (acheter des produits alimentaires et de première nécessité au magasin de la prison - NDLR). Pour moi, c’est clairement de l’exploitation. D’autant que mes heures ne sont pas toujours comptées. La prison me doit d’ailleurs plus de 130 euros mais je peux danser sur ma tête, je ne les récupérerai jamais.”
Visite guidée du “village pénitentiaire” qui ouvrira en novembre. Entre l’autoroute, le décollage des avions et le passage des trains, les habitants appellent ce lieu “la poubelle”. Qu’en sera-t-il des détenus?
"(...) Contrairement à ce que croit l'"honnête citoyen", pour qui les détenus méritent bien leur sort, la population carcérale n'est pas faite de voyous avec du sang sur les mains et des morts sur la conscience, mais bien, pour l'essentiel, de pauvres, d'exclus, de paumés... (...) Les gens qui y croupissent ou qu'on y renvoie à répétition sont des accidentés de la vie, des laissés pour compte, auxquels s'agglomèrent, certes quelques caïds, mais surtout une grosse proportion de petits revendeurs de cannabis et d'autres substances qualifiées d'illicites, outre des toxicomanes qui ont perdu pied. (...) Les pays qui ont éradiqué la grande misère, notamment par une protection sociale large et solide, et ceux qui ont légalisé les drogues en substituant à la prison un traitement socio-médical, ont vu leurs prisons littéralement se vider."
Carte-blanche de Jean-Marie Dermagne, avocat, ancien bâtonnier - Porte-parole du Syndicat des avocats pour la démocratie (SAD), parue dans Le Vif (10/03/2021)
Une carte blanche de Jean-Marie Dermagne, Ancien bâtonnier, avocat de la ligue des droits de l'homme, porte-parole du SAD
[On] retrouve derrière les barreaux, non seulement les monstres, les vauriens indécrottables et les brutes invétérées (qui, soit relevé en passant, ne doivent même pas faire 20% du total) mais, davantage, des naufragés de l'existence, des étrangers en perdition, des paumés et puis la déferlante de ceux qui sont ramassés dans les filets de la sempiternelle lutte contre les drogues. (...)
Les premiers à se retrouver derrière les barreaux ne sont pas les caïds ou les malfaiteurs qu'on évoque dans les séries télévisées mais les illettrés, les sans-papiers, les pauvres, qui souvent marchent sur la corde raide et, parfois, chutent. Il arrive que la sévérité des peines qu'ils ont à subir ne soit liée qu'à leur absence ou à leur défense indigente ou maladroite. Leur formation souvent réduite à peu de chose les marginalise. C'est pour eux que Victor Hugo a prêché, souvent dans le désert, la construction d'écoles qui devait faire fermer des prisons. Mais ça fait des lustres qu'on ne construit plus guère d'écoles et quelques années, en revanche, qu'on fabrique de nouvelles prisons. La situation s'aggrave à mesure que la protection sociale se réduit comme une peau de chagrin. Et la classe moyenne peine à saisir que ce qu'on économise du côté de la sécurité et de l'aide sociale, en en excluant les bénéficiaires à tour de bras, on est forcé d'en injecter le double dans le système pénal et pénitentiaire. La discrimination fondée sur la fortune est prohibée : pourtant il n'y a pas d'endroit où elle est le plus honteusement spectaculaire que dans les palais de justice et les prisons... (...)
Les pays dont le régime est le plus répressif sont aussi ceux où la consommation est la plus forte avec, à la clé, d'énormes dégâts sanitaires et sociaux, du fait de la marginalisation et la désocialisation d'une partie de la jeunesse consommatrice. (...)
Le Portugal a dépénalisé les drogues depuis plus de 15 ans et n'envisage nullement de faire marche arrière. (...)
Monsieur Geens, votre stratégie est d'une spectaculaire efficacité. Et, sur le plan tactique, que de belles plumes déjà à votre chapeau !
Quand le traitement de la violence par l’administration pénitentiaire dévoile sa propre jouissance à détruire...
Note politique de l'ABP. "Les prisonniers occupent une place centrale dans la société palestinienne : les organisations non gouvernementales estiment qu’environ 40% des hommes palestiniens ont été incarcérés sur la base d’ordres de détention militaires au cours de près de cinq décennies d’occupation militaire. Ni les enfants, ni les femmes, ni les députés palestiniens ne sont épargnés. L’ampleur du phénomène a des répercussions politiques et sociales majeures sur la société palestinienne. Bien que les violations des Droits de l’Homme constatées au cours de l’interrogatoire et de l’incarcération des détenus palestiniens trouvent leur origine dans le système israélien de justice militaire lui-même, la Belgique et l’Union européenne (UE) continuent à traiter cette problématique éminemment politique sous l’angle exclusif des Droits de l’Homme."
"Des militants viennent d'être expulsés du terrain où doit être construite cette prison de 1190 places… Les pelleteuses sont sur place, mais les doutes quant à la pertinence du projet subsistent."
"Ce projet de mégaprison est caractérisée par une opacité qui ne peut pas être acceptée. Les pressions exercées sur les citoyens qui défendent leur lieux de vie et les biens communs par le biais d’un ordre d’expulsion doublé d’astreintes financières, scelle le caractère antidémocratique de ce projet. Des questions parlementaires ont été posées sur le financement de la mégaprison, elles restent sans réponses. Le contrat qui lie l’Etat à l’entrepreneur a été demandé par nos avocats, mais n’a pas été transmis. Le permis d’environnement a été délivré, il fait l’objet de plusieurs recours. Le permis d’urbanisme n’a pas été délivré. Cette mégaprison reste à l’état d’hypothèse, une hypothèse antidémocratique et ruineuse."
La suppression de « l’indemnité mutuelle » est une mesure d’austérité très préoccupante : prise sans analyse de fond, elle précarise une des couches les plus défavorisées de la population, les détenus, ainsi que notre projet sociétal de sécurité sociale.
« Le gouvernement israélien veut faire passer une loi qui permettrait de nourrir de force les prisonniers. L'Association médicale israélienne a demandé aux médecins de passer outre la loi et ce n’est pas sans raison. »
« La population carcérale compte bon nombre de toxicomanes. C'est un secret de polichinelle. Selon l'étude ACCESS qui a réalisé des sondages auprès des médecins et des patients du milieu carcéral, 63% des patients ont une assuétude pendant leurs peines de prison. 85% des patients n'ont pas eu un choix de traitement. Une hérésie, pour le Dr Benoît Skrzypek : "le traitement de substitution aux opiacés (TSO) est récent en prison. Jusqu'il y a quelques années, c'était interdit d'utiliser de la méthadone en prison. De là à dire qu'il n'y avait pas de toxicomanes... Le pas n'était pas très dur à franchir. Mais cela n'avait aucun sens par rapport à la réalité." »
« un million de Palestiniens qui sont passés par les prisons israéliennes depuis 1967 – ce chiffre veut dire que le quart du peuple palestinien en Palestine occupée a été en détention au moins une fois dans sa vie »
Vous aussi, jouez à L'Homme au Harpon, le 1er serious game de la RTBF, et tentez d'obtenir votre libération conditionnelle !
« Ça n’a pas toujours été ainsi. Il y a quelques dizaines d’années, la Finlande avait l’un des taux d’emprisonnement les plus élevés d’Europe. Puis, dans les années 60, des chercheurs scandinaves ont commencé à examiner l’efficacité de la punition sur la réduction de la criminalité. Conclusion : cette efficacité est nulle.»
Comprendre pourquoi s'opposer à la construction de la prison de Haren.
Une plongée dans l'annexe psychiatrique de la prison de Forest avec des condamnés jugés irresponsables de leurs actes au moment des faits et internés dans ces cellules sans savoir pour combien de temps. Un documentaire écrit et réalisé par Eric d’Agostino et Patrick Lemy