2777 liens privés
Pierre Bouillon
Vendredi 9 août 2013
Le député MR Richard Miller constate que le débat sur les cours philosophiques n’avance plus. Celui-ci porte ce dossier à bout de bras depuis fin 2003.
Sitôt nommée ministre de l’Enseignement (elle a prêté serment le 17 juillet), Marie-Martine Schyns (CDH) a filé en vacances avec ses dossiers sous le bras – « Je suis en période de bloque », a-t-elle dit, en annonçant qu’elle se tairait jusqu’à la rentrée. Ces dossiers, on les connaît. Il y a les inscriptions au secondaire, le réaménagement du 1er degré, l’exploitation des expériences pédagogiques en cours, etc.
Il y a aussi les cours philosophiques, ce (gros) marronnier de l’actualité scolaire qui fait couler de l’encre depuis que le député MR Richard Miller a déposé une proposition de décret visant à créer un cours de philosophie dans l’enseignement obligatoire. « C’était à la fin 2003 », se rappelle-t-il.
Depuis, que s’est-il passé ? On a beaucoup discuté, beaucoup auditionné, beaucoup polémiqué. Et un peu avancé.
Le député MR reconnaît que c’est sous le ministère de Marie-Dominique Simonet que le débat a le plus mûri. Sous cette législature, notamment, les différents cultes se sont dotés d’un programme (dites : référentiel) qui n’existait pas jusqu’ici. Des constitutionnalistes ont été auditionnés par le parlement de la Communauté française. « Il y a eu des avancées, admet donc Richard Miller. Mais là, tout est bloqué. Il y a un coït manqué. J’ai un regret, une déception, qui n’est pas due à Marie-Dominique Simonet mais au PS. Après des étapes positives, on est devant un mur. Le débat n’avance plus. » En mai, les cultes ont donc rédigé des programmes et défini des éléments de cours qui seront communs aux diverses confessions (il est question, là, de « questionnement philosophique et de « dialogue inter-convictionnel. »).
« Mais la morale laïque en est exclue, observe Richard Miller. Ce tronc commun n’en est donc pas un. Et puis, on continue à séparer les enfants selon leur choix philosophique. Moi, je propose un cours qui rassemble les élèves. Notre système, dès qu’on parle du sens de la vie, des convictions, des religions, sépare les enfants. »
« L’école publique dispense ses cours de religion et morale, comme avant »
Miller constate aussi que l’architecture générale n’a pas été repensée. « L’école publique dispense ses cours de religion et morale, comme avant, en se bornant à ajouter de nouveaux cours. L’organisation actuelle arrive à ses limites. Il y a une démultiplication du nombre de cours – morale non-confessionnelle, religions catholique, protestante, musulmane, judaïque, anglicane, orthodoxe et, bientôt, bouddhisme. On aura bientôt huit cours ! C’est devenu ingérable. Et le PS ne bouge pas parce qu’il ne sait pas comment annoncer la nouvelle à certains de ses élus – parce que c’est ça, hein… »
Richard Miller signale que les chefs de culte ont proposé de créer une commission mixte, réunissant des parlementaires et des représentants des diverses sensibilités philosophiques. Le député MR soutient cette idée. Selon lui, elle permettrait d’éviter que les nouvelles élections de 2014 paralysent le dossier et annulent les acquis obtenus sous cette législature. « Je me rends bien compte que Marie-Martine Schyns entre à peine en fonction. Qu’il ne reste que quelques mois avant les élections. Mais ce serait dommage de tout perdre, de tout ramener à zéro à cause du scrutin. Je souhaite donc que la ministre mette en place cette commission mixte, en lui donnant un délai qui dépasserait la période électorale, pour ne pas envenimer ce débat qui doit être serein. »
On saura à l’automne si la majorité crée, ou non, cette commission. En attendant, Miller s’abandonne à quelque amertume : « Si on avait, il y a dix ans, mis en place ce cours de philo et de citoyenneté que je demande, on aurait déjà, aujourd’hui, toute une génération qui aurait reçu cette formation. »