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Sur le plan technique, il faut comprendre que les injonctions de détections obligent les fournisseurs à analyser toutes les communications de l’ensemble des utilisateur·ices des services concernés. Et puisque les messages sont alors analysés avant d’être envoyés à leurs destinataires, cela supprime non seulement toute confidentialité mais cela rendra également inutile toute technique de chiffrement appliquée ultérieurement, c’est-à-dire une fois que le message à quitté l’appareil de l’utilisateur·ice.
«Puis-je vous demander une copie de tous vos emails, de vos messages et photos sur Facebook, et de tous les fichiers sur votre ordinateur ? J’aimerais tout savoir sur votre vie privée.»
Les nombreuses attaques révélées par Amnesty International et des partenaires de la société civile ces dernières années ont démontré que l’industrie de la cybersécurité représentait une grave menace pour les défenseur·e·s des droits humains et la société civile dans le monde. Les préjudices systémiques de la cybersurveillance croissante et non réglementée vont bien au-delà du célèbre logiciel espion Pegasus élaboré par NSO Group.
Plusieurs événements d’actualité ont ravivé le spectre du « profilage » des Belges par l’Etat. A tort ?
« Mais non, ce projet existe déjà. Et de manière très aboutie. L’outil s’appelle « Oasis » (NDLR, Organisation Anti-fraude des Services d’inspection sociale). Il est fonctionnel depuis 2005. Il s’agit d’une centralisation de nombreuses données de l’ONSS, de l’Onem, du SPF Sécurité sociale et du SPF Emploi. Non seulement on centralise, mais on applique des algorithmes qui vont tenter de deviner le comportement des citoyens et trouver des noms de personnes suspectées de fraude sociale. C’est du profilage.
En réalité, cette base de données n’est créée par aucune loi, ni arrêté royal. Et on ne trouve que très peu d’informations à son propos, si ce n’est par hasard en farfouillant dans des documents de l’administration. Rien sur le site de la Banque Carrefour de la Sécurité sociale (BCSS), ni de l’ONSS. Quand on s’adresse à l’administration, on ne reçoit que quelques informations parcellaires, mais jamais la copie des algorithmes, ni même d’information claire à leur sujet.
On apprend par contre, documents publics à l’appui, qu’Oasis va être prochainement remplacé par le projet « Big data Analytics Platform ». Le marché, estimé à 6,75 millions d’euros, a été attribué par la Smals (NDLR, l’ASBL informatique de l’Etat) à Deloitte Consulting & Advisory le 9 juillet 2019.
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On ne peut pas exclure qu’il n’y a pas d’erreurs. Ni les employeurs ni les travailleurs ne peuvent vérifier ces données. On ne sait même pas que ça existe. Ce qui amène parfois à cibler des gens qui n’ont rien fait. Et celui qui est visé par un algorithme ne va pas comprendre pourquoi il se retrouve dans le radar. Les inspecteurs eux-mêmes disent ne pas comprendre pourquoi ils vont contrôler tel employeur plutôt qu’un autre. On n’a pas la main sur l’outil. Il y a juste un ordinateur qui vous crache des noms. »
Sur les versions modernes de macOS, vous ne pouvez tout simplement pas allumer votre ordinateur, lancer un éditeur de texte, un lecteur de livres électroniques, écrire ou lire sans qu’un journal de votre activité soit transmis et stocké.
"L’histoire moderne nous a appris qu’il existait un réel danger que des mesures de surveillance se transforment en instruments permanents. Une fois que ces compétences et ces infrastructures sont en place, les gouvernements ont rarement la volonté politique suffisante pour les supprimer."
Alors que les caméras de surveillance et la reconnaissance faciale s'immiscent dans nos vies, la résistance s'organise. Du concept aux prototypes qui marchent, des artistes et des designers conçoivent des maquillages, des accessoires et des vêtements high tech qui vous permettrons peut-être demain de demeurer incognito.
Depuis 2013, un artiste américain basé à Berlin, Adam Harvey, conçoit ainsi réellement un arsenal de parades légales et accessibles au plus grand nombre pour « armer « les citoyens contre la surveillance.
La réalité, c'est que la plupart du temps, les opérateurs de vidéosurveillance ne voient rien qui concerne la délinquance, et que le système est donc le plus souvent détourné pour faire autre chose. Depuis quelques années, le principal détournement - car c’est aussi le plus rentable - s’appelle la vidéoverbalisation. Les caméras ne servent donc pas principalement à confondre les voleurs ou les agresseurs, mais à augmenter le niveau de verbalisation des petites infractions routières de la vie quotidienne.
Une interview fort intéressante de Benjamin Bayart, sur l'internet, les question autour de la vie privée, de la surveillance, la neutralité du net.
La secrétaire d’État à l’Intérieur du Royaume-Uni demandait fin juillet aux entreprises du numérique de renoncer au chiffrement de bout en bout. Aral Balkan a vivement réagi à ses propos.
L’intérêt de son analyse sans concessions n’est ni anecdotique ni limité au Royaume-Uni. Il s’agit bien de décoder le discours contre le chiffrement dont on abreuve les médias majeurs, que ce soit outre-Manche ou ici même en France, comme presque partout ailleurs en Europe. Un discours qui repose sur le terrorisme comme épouvantail et sur Internet comme bouc-émissaire. Alors que s’empilent des lois répressives qui rendent légale une surveillance de tous de plus en plus intrusive, sans pour autant hélas éradiquer le terrorisme, il est urgent de dénoncer avec force et publiquement la manipulation des esprits par le discours sécuritaire. Il en va de notre liberté.
New research shows that your phone and TV can be subverted into indoor tracking devices for your motion, using inaudible ultrasound sonar.
NOTHING TO HIDE est un documentaire collaboratif écrit et réalisé par les journalistes Mihaela Gladovic et Marc Meillassoux. Le film, en cours de réalisation, est dédié à la question fondamentale et encore jamais posée de la surveillance de masse : son acceptation dans la population. Après s’être rencontrés lors d’évènements dédiés à la surveillance sur internet, Mihaela et Marc ont décidé de travailler sur ce qui leur est apparu être la clé de voute de la surveillance moderne: son acceptation et sa justification dans une partie croissante de la population à travers l’argument “je n’ai rien à cacher”.
Alors que l’Union européenne investit comme jamais dans la « sécurité », un rapport décrit l’influence des entreprises privées dans la définition de cette politique. Selon les auteurs, « la poursuite privée du profit a été confondue avec l’intérêt général du public, au prétexte d’une “sécurité” dont la démocratie paie le prix ».
‘Surveillance is the business model of the internet,’ Berkman and Belfer fellow says
Since 2014, the EU has tried to put a stop to the sale of surveillance technology to undemocratic nations. But goods and expertise are still being exported to authoritarian states,.
Un décret a étendu aux cartes d’identité – soit environ 60 millions de Français – la numérisation et le regroupement des données biométriques. Dans une lettre ouverte à François Hollande, une trentaine de personnalités (élus, associatifs, chercheurs...) spécialistes des libertés et du numérique demandent sa suspension et la tenue d'un vrai débat public.
On ne compte plus le nombre de fois qu'on entend dire que si on n'a rien à cacher, on n'a rien à craindre.
on en veut toujours plus et on ne compte plus le nombre de fois où tant les autorités que les individus et sociétés privées déclarent que si on n'a rien à cacher, on n'a rien à craindre. Ou l'on peut être surveillé et traqué, car on n'a rien à cacher.
Cet aphorisme est faux, pernicieux et dangereux. Voici pourquoi.
Loi renseignement, loi numérique, loi relative à l’état d’urgence… La démocratie française a-t-elle basculé ces derniers mois du côté de la cyberdictature ? Usbek & Rica a posé la question à deux observateurs de la vie numérique dans notre pays : Adrienne Charmet, porte-voix de l’association La Quadrature du Net, préoccupée par la dimension sécuritaire des récents textes de loi, et le journaliste spécialisé Jean-Marc Manach, qui refuse de tomber dans la paranoïa généralisée sur les questions de surveillance.
En quoi les « géants du Net » seraient-ils plus des « califats numériques complices tacites, collaborateurs passifs de Daech » que les loueurs de voiture ou de chambres d’hôtel, opérateurs téléphoniques, fournisseurs d’accès Internet, vendeurs de pizzas, de couteaux et d’armes démilitarisées ?
Entre surveillance et spectacle, la mutation numérique transforme en profondeur nos sociétés et redistribue les cartes du pouvoir : le juriste américain Bernard Harcourt analyse cette évolution à travers son ressort, le désir, et ouvre la voie d'une critique par la désobéissance.
Dans son livre, Harcourt interroge ce qu’il appelle la “société d’exposition”, pour savoir si nous sommes dans une “société du spectacle” ou une société surveillée, panoptique… Qu’est-ce qui nous pousse à nous mettre sur l’écran ? Etre visible est devenu le moyen de communiquer et de s’organiser à l’heure des réseaux. Pourtant, malgré son talent visionnaire, Orwell dans 1984 nous promettait un futur écrasant tout désir. Nous sommes dans son exact inverse : l’exacerbation du désir. “Or ce sont les mêmes technologies qui créent du désir qui rendent possible la surveillance”.
via : http://alireailleurs.tumblr.com/post/146000332994/ni-foucault-20-ni-debord-20-france-culture